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1 juillet 2010

Pourquoi le 14 juillet...

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Pourquoi le 14 juillet est-il fête nationale ?

 

Fête nationale depuis 1880, le 14 juillet commémore la prise de la Bastille de 1789, mais aussi un événement moins connu : la fête de la Fédération de 1790.

 

Le 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille

La fête nationale commémore d'abord le 14 juillet 1789, première journée révolutionnaire à portée symbolique. Cet été là, une grande agitation règne à Paris. Face au mécontentement populaire, le roi a réuni les Etats généraux, une assemblée des représentants de la noblesse, du clergé et du tiers-état. Ces derniers demandent une réforme profonde des institutions et, le 9 juillet, se proclament Assemblée nationale constituante. L'initiative inquiète le roi qui fait venir en secret des régiments suisses et allemands à proximité de Versailles. La rumeur court bientôt que les troupes royales se préparent à entrer dans Paris pour arrêter les députés.

Le 12 juillet, un orateur harangue la foule qu'il appelle à réagir : c'est Camille Desmoulins, monté sur un tonneau, qui annonce une "Saint Barthélemy des patriotes". Au matin du 14 juillet, des Parisiens en colère vont chercher des armes aux Invalides, puis se dirigent vers la vieille forteresse royale de la Bastille, en quête de poudre.

 

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La forteresse de la Bastille

( cliquer sur l'image ci-dessus pour la voir et l'enregistrer en très haute résolution : 2168x1149 )

 

 Après une journée de fusillade sanglante, et grâce au ralliement de gardes nationaux, les Parisiens s'en emparent et entament sa démolition.

 

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Prise de la Bastille à Paris le 14 juillet 1789

 

Au final, ils ne trouvent là que quelques prisonniers sans envergure, au nombre de sept :

- Jean Antoine PUJADE, Bernard LAROCHE, Jean LACORREGE, Jean BECHADE : tous quatre faussaires condamnés pour falsification de lettres de change ;

- deux aristocrates enfermés à la demande de leur famille : le comte Hubert de SOLAGES accusé d'actes monstrueux non clairement définis et peut-être même mensongers, le comte Jacques François de WHYTE de MALLEVILLE pour démence ;

- Auguste TAVERNIER, présumé complice de Robert François DAMIENS dans la tentative d'assassinat contre Louis XV en 1757 et enfermé là depuis 1759.

Tous seront vite repris après leur "libération". Les deux derniers seront enfermés dès le lendemain à l'asile de Charenton. Les quatres faussaires seront incarcérés à nouveau. Quant au comte de SOLAGES, il sera reçu à l'Hôtel de ville de Paris puis il retournera chez lui en Albigeois. 

 

Les révolutionnaires, frustrés de n'avoir libéré que ces quelques individus décevants, inventeront de toutes pièces la libération d'un certain comte de Lorges à la longue barbe blanche, vivant dans des condtions sordides et qui sera porté en triomphe par la foule. Bien loin de la réalité car les cellules de la Bastille n'étaient pas fermées et disposaient d'un certain confort avec lit et meubles. 

Mais cette vieille prison médiévale incarne l'arbitraire de l'Ancien régime. En l'abattant, les Parisiens font tomber un rempart de l'absolutisme. Et cette journée, qui marque le début de la Révolution, restera dans les mémoires comme un jour de liberté.

Cependant la fête nationale fait surtout référence à une autre événement moins connu : la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.

 

Le 14 juillet 1790 : la fête de la Fédération

Depuis le début de l'été 1789, partout dans les provinces françaises se sont créées des "fédérations" régionales de gardes nationaux. Une réaction à l'affaiblissement du pouvoir central. Afin de contrôler ce mouvement spontané, la Commune de Paris décide, sous l'impulsion de Lafayette qui en deviendra le commandant, de fonder une grande Fédération de garde nationale regroupant des représentants des fédérations locales et de les réunir à Paris le 14 juillet. La cérémonie est censée célébrer la prise de la Bastille, mais aussi apporter un semblant d'ordre et d'unité dans un pays en crise. Le jour dit, les 48.000 gardes nationaux de Paris seront rejoints par 50.000 gardes fédérés de province pour défiler sous la bannière de leur département, de la Bastille jusqu'au Champ-de-Mars.

 

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Fête de la Fédération à Paris le 14 juillet 1790

 

Le matin du 14 juillet 1790, les trombes de pluie qui tombent sur Paris ne découragent pas les 260.000 spectateurs qui se pressent sur les gradins autour de l'esplanade aménagée pour l'occasion au Champ-de-Mars. Au bout, devant l'Ecole Militaire, a été installée la tribune royale. A l'entrée de l'esplanade a été élévé un arc de triomphe sous lequel passeront les 98.000 gardes fédérés venus de Paris et de province. Au milieu a été  dressée une large estrade de six mètres de haut avec en son centre l'autel de la patrie. Une grande messe y est célébrée par l'évêque d'Autun Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, dont l'Histoire se souviendra surtout pour avoir été Talleyrand, homme d'état et grand diplomate. Talleyrand, très peu habitué à célébrer la messe, est entouré de 300 prêtres en surplis de cérémonie.

Puis devant la foule enthousiaste apparait Lafayette, commandant de la garde nationale, en grand uniforme sur son cheval blanc. Il est suivi de son état-major et de toutes les délégations de gardes nationaux de Paris comme de province. Lafayette rejoint l'estrade pour prêter serment au nom des tous ses Fédérés : 

 

« Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi, de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité. »

 

Le président de l'Assemblée, Charles de Bonnay, monte sur l'estrade et prête à son tour ce serment pour l'ensemble des députés des quatre-vingt-trois départements qui assistent tous à la fête.

Enfin le roi Louis XVI, en tant que chef de l'exécutif, se lève et, de la tribune, il prête à son tour serment de fidélité : 

 

 

La reine se lève, tendant le dauphin dans ses bras, elle le montre au peuple en déclarant :

« Voilà mon fils, il s'unit, ainsi que moi, aux mêmes sentiments. »

Les 400.000 personnes présentes acclament alors leur souverain, la reine et le dauphin : la monarchie n'est donc pas remise en cause. L'aspiration à l'union nationale triomphe et la cérémonie se transforme en grande fête populaire. Mais la réconciliation nationale sera de courte durée. Deux ans plus tard, le roi est arrêté et condamné à mort.

 

1880 : le 14 juillet devient fête nationale

Pendant près d'un siècle, la commémoration du 14 juillet est abandonnée. Elle réapparaît en 1880, sous la IIIe République. Le régime, pour se consolider, cherche à construire un nouvel imaginaire national, autour de symboles républicains. C'est ainsi que la Marseillaise devient hymne officiel, et le 14 juillet fête nationale. Mais la proposition de célébrer la prise de la Bastille qui émane du député républicain de la Seine Benjamin Raspail n'est pas accueillie unanimement par l'Assemblée. Certains députés conservateurs mettent en cause la violence du 14 juillet 1789. En guise de compromis, on leur fait remarquer que le 14 juillet, c'est aussi l'anniversaire d'un grand moment d'union nationale, en 1790. Et c'est finalement autour du 14 juillet 1790 que se fait le consensus.

En 1880, pour la première fête nationale, la République fait les choses en grand. Le ministre de l'Intérieur prescrit aux préfets de veiller à ce que cette journée « soit célébrée avec autant d'éclat que le comportent les ressources locales. » Un défilé militaire, inspiré du défilé des gardes fédérés de 1790, est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du Président Jules Grévy. Il s'agit de montrer le redressement de l'armée française après la défaite contre la Prusse en 1870. Ce défilé militaire est toujours en vigueur de nos jours.

 

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Distribution des drapeaux aux régiments à Longchamp le 14 juillet 1880

 

Cette année là, on inaugure également le monument surmonté de la statue de la place de la République, et partout sont donnés concerts et feux d'artifices.

 

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Les festivités sur la Place de la République à Paris le 14 juillet 1880

 

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A Paris de nos jours, la Place de la République avec le monument inauguré en 1880

 

De 1880 à nos jours

- En 1886 : une femme, cantinière du 131e régiment d'infanterie, défile pour la première fois.

- En 1915 : le défilé militaire se déplace du Champs-de-Mars aux Champs-Elysées.

- En 1919 : c'est le défilé de la victoire qui réunit, sur les Champs-Elysées, les forces des pays alliés.

- En 1936 : après le défilé militaire, un million de personnes défile à l'appel des organisations syndicales.

- De 1939 à 1945 : dans le Paris occupé, la journée n'est pas célébrée. Le 14 juillet 1940, à Londres, le général de Gaulle réitère ses appels à la résistance. En juillet 1945, on célèbre la Libération partout en France.

 

Texte en partie de © Alice Pouyat, L’Internaute.

 

Vous trouverez plus de détails sur 1789 en visitant le site suivant

http://revolution.1789.free.fr/page-1.htm

 

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